Les étangs de Saint-Hubert, quel avenir ? Situés dans le département des Yvelines, au cœur du massif forestier de Rambouillet, les étangs de Saint-Hubert ou de Hollande constituent une chaîne de six étangs rectangulaires de 5,2 km de long sur 250 à 400 m de large.

Depuis plusieurs années, les naturalistes observent une dégradation des lieux liée à la mauvaise qualité des eaux et à la dynamique forestière. Ceci se traduit par la disparition de certaines espèces végétales et la fermeture du milieu.

Les étangs de Saint-Hubert font partie d’un ensemble hydraulique créé sous Louis XIV pour alimenter les jeux d’eau du Parc de Versailles. Ce réseau des étangs et rigoles est un élément marquant du paysage sud-yvelinois.

L’environnement des étangs est essentiellement forestier et agricole. L’ensemble de la chaîne, qui offre dans son écrin boisé un paysage exceptionnel, a été classé avec ses abords depuis le 16 janvier 1978 au titre de la loi de 1930 sur la protection des monuments naturels et des sites. Bien que d’origine artificielle, ces étangs ont progressivement évolué vers un écosystème palustre très diversifié. Ils sont aujourd’hui le système d’étangs forestiers le plus vaste et le plus riche d’Île-de-France.

Cette diversité leur a valu d’être inventoriés en Zone Naturelle d’Intérêt Ecologigue Faunistique et Floristique de type 1, et d’intégrer le réseau européen Natura 2000 en tant que Zone de Protection Spéciale (directive Oiseaux) depuis avril 2006.

L’environnement géologique leur confère des eaux acides qui expliquent la composition particulière de la végétation qu’ils renferment. Ce sont surtout des groupements végétaux de berges acides, ainsi que des groupements prairiaux très humides acides qui font leur originalité et qui abritent la majorité des espèces végétales protégées présentes. Une espèce de plante est protégée par la loi au niveau national, huit espèces sont protégées au niveau régional, ainsi que plus d’une quinzaine d’autres espèces rares à très rares dépendent de ces mêmes milieux. L’avifaune y est particulièrement riche avec plus de 250 espèces observées.

Le Blongios nain y niche chaque année. Les étangs sont aussi une escale indispensable pour les oiseaux migrateurs ainsi qu'un site d'hivernage d’intérêt. Le Balbuzard pêcheur y réalise des séjours de plus en plus prolongés en automne mais également au printemps jusqu’en juin-juillet. Parmi les hivernants figurent le Butor étoilé et la Grande Aigrette. Pour le reste de la faune, vingt-cinq espèces de libellules dont une protégée régionalement, douze espèces de batraciens fréquentent les étangs et leurs abords. Cerfs et biches ne sont pas rares.

Les autres mammifères sont aussi très bien représentés avec la majorité des carnivores présents sur le massif et au moins dix espèces de chauve-souris qui hibernent dans un aqueduc débouchant sur les étangs. De part sa proximité de Paris, le site subit une forte fréquentation. Il est l’objet de diverses activités : base de loisirs avec baignade sur le Grand étang de Hollande, chasse et pêche sur plusieurs des étangs. Entouré en partie de forêts, le site est alimenté par tout un réseau de rigoles récupérant les eaux de drainage des terres agricoles environnantes. La première urgence environnementale est d’améliorer la qualité des eaux qui s’est particulièrement dégradée ces dernières décennies. Les relevés botaniques ont montré une tendance marquée à l’eutrophisation. Les groupements les plus dépendants de la qualité des eaux semblent avoir régressé. Elle semble être à l’origine de la disparition d’espèces végétales remarquables, autrefois présentes sur le site.

D’autres signes de l’eutrophisation se sont manifestés par deux épisodes récents de mortalité piscicole au cours de l’automne 2006 et du printemps 2007. L’autre urgence environnementale est de maîtriser la dynamique forestière qui se traduit par l’envahissement des roselières par les saules. Le fort développement de la saulaie marque un atterrissement progressif du milieu.

Cette tendance s’est accélérée ces dernières années, à la faveur d’une mauvaise gestion du niveau d’eau, et est particulièrement bien visible sur l’étang de Pourras.

C’est pour traiter en priorité de ces urgences que cinq associations (Bonnelles Nature, CAES Gif Nature, CERF, Centre ORnithologique Île-de-France, Ligue pour la Protection des Oiseaux Île-de-France) ont créé le 10 mars 2007 le Collectif pour les étangs de Saint-Hubert.

Ce collectif s’est donné pour but d’informer et sensibiliser sur les richesses naturelles des étangs de Saint-Hubert, leurs enjeux et les menaces, d’agir pour leur préservation. Plusieurs propositions ont déjà été avancées.

Concernant les mesures en faveur de la qualité des eaux, Il faudra lutter prioritairement contre toute source d’eutrophisation sur le bassin-versant des étangs. Il s’agit donc, soit de traiter les rejets polluants, soit d’en éliminer les sources. Un des moyens de lutte contre les pollutions d’origine agricole est la mise en place de mesures agro-environnementales. Elles peuvent être de plusieurs types : -contrôler les quantités et dates d’épandage d’engrais en fonction des besoins réels des cultures et de la météorologie, -mettre en place des jachères de longue durée avec maintien du couvert végétal dans une partie de la plaine des Bréviaires. Le recours à la préemption dans le cadre des Espaces Naturels Sensibles permettrait d’assurer, en cas de mutation de propriétés, la pérennité de ces espaces ouverts.

Pour la dynamique forestière, il faudra s’attacher à la limiter, voire à la faire régresser, notamment en supprimant les saules implantés dans la roselière. Le maintien d’une certaine ouverture pourrait se faire en pratiquant un fauchage des roseaux par layons chaque année ou en alternance sur plusieurs années, ou un pâturage extensif. Ces différentes actions pourraient s’accompagner d’un dévasement d’une partie des étangs, par curage ou autres moyens, en s’attachant à maintenir les roselières en place.

Toutes ces propositions seront à étudier en concertation avec l’ensemble des personnes montrant un intérêt pour le site (chasseurs, élus, naturalistes, pêcheurs, usagers divers).